Postface
Nous incluons cette courte postface afin d'exposer quelques-unes des questions de méthodologie et d'établissement des priorités pour les chercheurs, qui ont été soulevées par notre Comité consultatif et par les participants au Symposium sur les tendances en consommation et la recherche qui s'est tenu en juin 2004.
Comme nous le mentionnons brièvement dans l'introduction, ce premier Rapport sur les tendances en consommation repose sur une approche économique et démographique assez simple de la recherche sur les questions de consommation, et l'analyse s'y limite aux grandes tendances socio-économiques. Cela semblait approprié pour un « premier » document, qui devait viser à fournir des données socio-économiques de référence présentant un intérêt pour les questions de consommation et à repérer les lacunes des données et des études existantes. Dans la présente postface, nous passons brièvement en revue les options et les priorités analytiques, ainsi que leurs conséquences pour les rapports et les études futurs dans ce domaine.
Cadres analytiques
Il a notamment été question au Symposium de l'intérêt que présente l'utilisation de multiples cadres analytiques ou théoriques pour la recherche en matière de consommation. Chaque cadre apporte un ensemble de perspectives particulières et tous offrent des idées très différentes sur les rapports entre les consommateurs et le marché. Voici quelques-unes de ces approches :
- Économie comportementale – Approche qui cherche à prédire les réactions des consommateurs à certaines conjonctures en utilisant des éléments tirés de la théorie des jeux et des données sociologiques, psychologiques et anthropologiques sur des questions telles que les conventions, normes et valeurs sociales. Ces études et perspectives peuvent se révéler utiles pour donner les raisons pour lesquelles des mécanismes de marché ou des instruments politiques traditionnels qui sont censés protéger ou servir les intérêts des consommateurs ne fonctionnent pas comme ils le devraient.
- Point de vue des droits des consommateurs – Approche qui part du principe que les consommateurs ont certains droits sur le marché et évalue dans quelle mesure ces droits sont protégés ou servis par la structure du marché lui-même ou par les institutions qui le régissent. La Déclaration des Nations Unies sur les droits du consommateur, adoptée en 1985 par l'Assemblée générale, est peut-être l'exemple le plus connu de formulation de ces droits.
- Analyse institutionnelle ou juridique – Approche qui étudie l'incidence des institutions et des systèmes juridiques sur la nature de l'interaction entre les consommateurs et le marché.
- Analyse de l'organisation industrielle – Approche qui regarde principalement comment le secteur privé est organisé et les conséquences connexes sur le fonctionnement du marché. Plus particulièrement, ce type d'analyse vise directement la nature de la concurrence sur le marché entre les acteurs industriels et cherche à déterminer si le secteur privé tient compte des intérêts des consommateurs dans ses décisions et comment il le fait.
Il est à noter que ces approches ne sont en aucune manière mutuellement exclusives et que seules quelques-unes ont été présentées ici à titre indicatif. En fait, il y a beaucoup à gagner à se servir de plusieurs perspectives analytiques à la fois, car cela permet d'arriver à une description beaucoup plus détaillée et complète de la réalité que connaissent les consommateurs d'aujourd'hui.
Établissement de priorités
Pendant nos discussions avec les participants au Symposium, la question de l'établissement des priorités, pour la recherche et les mesures à prendre, est souvent revenue. Toute organisation – gouvernement, ONG, établissement d'enseignement ou entreprise – est confrontée à des choix difficiles quand elle doit décider de l'utilisation de ressources limitées. Chaque acteur doit faire ces choix en fonction de ses propres capacités, ressources et responsabilités ou intérêts. De toute évidence, il sera plus facile de s'assurer que le choix des priorités se justifie si l'on s'appuie sur un large éventail de perspectives analytiques. Il est donc important de définir clairement les justifications ou les cadres sous-tendant les choix analytiques et stratégiques, et cette question devra être traitée à l'avenir.
Ampleur de la couverture
Cette première version du Rapport sur les tendances en consommation se concentre, par nécessité, sur un certain nombre de variables clés principalement associées aux tendances structurelles du marché (analyse de l'organisation industrielle), sur les forces socio-économiques qui déterminent la nature de la demande des consommateurs et sur la capacité de ces derniers de rechercher et de protéger leurs intérêts sur le marché.
Le présent Rapport ne se penche pas sur un certain nombre de questions qui ont néanmoins une grande incidence sur l'état du consommateur sur le marché. Parmi ces questions, mentionnons les suivantes :
- la nature, le rôle et l'efficacité des institutions et des politiques publiques et privées en ce qui concerne la protection et l'habilitation des consommateurs;
- les caractéristiques et l'efficacité du mouvement des consommateurs et de l'intérêt général;
- la nature de la concurrence sur le marché de la consommation et les stratégies commerciales des entreprises qui influent sur les consommateurs pour ce qui est de l'accès aux produits et aux services et de l'exercice de leurs droits sur le marché;
- l'évolution des attitudes des consommateurs eux-mêmes sur le marché et, en fait, l'acte de consommer lui-même (la consommation en fonction du mode de vie et des valeurs du consommateur).
Il serait bon que les chercheurs – au gouvernement, ou dans les entreprises, les universités ou les organisations non gouvernementales – choisissent des cadres analytiques et définissent l'ampleur de la couverture de futures études relatives aux tendances en consommation. Le Bureau de la consommation encouragera tous les intervenants à participer à de telles discussions et à se demander quelles perspectives analytiques élaborer afin d'approfondir la recherche dans leurs propres travaux et dans des éditions futures du Rapport sur les tendances en consommation.